Vous le savez sans doute, la fabrication du vin se fait en deux temps : le travail dans la vigne (la viticulture) et les travaux dans le chai (la vinification). Nous nous intéressons aujourd’hui aux travaux opérés dans la vigne, plus précisément à celui qui nous occupe ces dernières semaines : la taille de la vigne.
Cette dernière est primordiale dans le cycle de la vigne à plusieurs égards, pour la survie du pied de vigne et pour la détermination des rendements de production du vin. La vigne étant une liane qui pousse de manière désordonnée, l’opération de taille est essentielle pour structurer la souche, maîtriser son ardeur et assurer la production de fruits de qualité. Elle consiste à couper les sarments de la vigne pour favoriser le développement des bourgeons et des grappes de raisin. Ainsi, elle fait partie des missions phares du vigneron pendant l’année puisqu’elle conditionne les rendements de production et in fine la réussite d’un millésime.
L’opération de taille est déterminante tout au long de la vie de la vigne mais les objectifs diffèrent selon si la vigne est jeune ou vieille. La taille doit respecter la physiologie de la plante et ne pas être trop agressive.
La taille de formation est celle qui vise à structurer la vigne lors de sa plantation. Elle concerne les trois premières années de vie de la vigne, ses objectifs ne sont pas les mêmes que ceux de la taille d’une vigne en pleine production. En favorisant la bonne formation du pied, la taille permet d’en limiter le vieillissement prématuré, de protéger le pied contre le développement des maladies du bois et ainsi d’allonger la vie des ceps. Au tout début de la vie de la vigne, la taille favorise le développement des flux de sèves, stimulant ainsi sa croissance, et permet de les conserver un maximum les années suivantes. Elle consiste alors à ne garder que les 2 premiers bourgeons pour avoir des jeunes plants avec des pousses vigoureuses et éviter le développement de branches non productives. C’est pourquoi la réussite de la taille d’un jeune plant de vigne est l’un des facteurs clé pour obtenir à terme une parcelle saine et homogène.
Elle est réalisée chaque année après la taille de formation. Elle joue un rôle central dans le contrôle de la croissance de la vigne et permet de réguler sa production. En effet, les branches sont taillées pour prévenir une croissance excessive de la vigne, influençant ainsi sa forme et son envergure. Sans la taille, la vigne tendrait à produire davantage de feuillage au détriment du développement des baies. La taille d’entretien permet ainsi également de stimuler la floraison pour favoriser la fructification. L’objectif est d’enlever les branches faibles et stériles, pour concentrer toute l’énergie de la vigne sur les rameaux principaux et fructifères.
Elle a également pour vocation d’améliorer la qualité des raisins et la productivité. Comment ? En aidant la plante à concentrer ses ressources dans la production de baies. Pour ce faire, il est nécessaire de réduire le nombre de grappes sur chaque pied de vigne. Les baies bénéficieront ainsi d’une meilleure concentration de sucres, des arômes et des nutriments essentiels. Leur maturation sera par ailleurs optimisée et uniformisée grâce à une meilleure exposition des grappes au soleil favorisée par l’enlèvement de feuillage excessif. La régulation du nombre de grappes par pied aura pour effet de préserver la plante de la surproduction qui l’épuiserait dans le temps et d’assurer la productivité sur le long terme.
Enfin, en aérant la vigne et en réduisant sa densité (feuillage et grappes), la taille réduit l’humidité présente dans les rangs et limite ainsi considérablement les risques de maladies et d’apparition de parasites. Elle est considérée comme l’un des principaux leviers de prévention contre les maladies de la vigne.
Sachant qu’un pied de vigne peut atteindre la centaine d’années, la taille de rajeunissement est réalisée lorsque la vigne devient trop vieille et que sa production diminue. Cette taille spécifique est destinée à redonner de la vigueur à une vigne vieillissante en stimulant la croissance de nouveaux rameaux fructifères. De ce fait, elle permet de régénérer la plante. Elle implique de couper les parties supérieures de la vigne. En éliminant les branches mortes ou malades et en limitant le nombre de sarments, la vigne revigorée améliorera sa production en qualité et en quantité.
Chacun de ces trois types de taille répond donc à un besoin et un objectif précis. La taille de formation construit la structure de la plante, la taille de fructification régule la production de grappes, tandis que la taille de rajeunissement maintient la vitalité et garantit la pérennité de la production.
La taille de la vigne est réalisée à des moments clés de la croissance de la vigne mais aussi de l’année. Elle est généralement pratiquée entre les mois de novembre et mars lorsque la vigne est en dormance, c’est-à-dire en repos végétatif, jusqu’au débourrement. La sève est alors descendante. La taille est idéale lorsque les bourgeons sont bien formés mais pas encore éclos. Cela peut différer en fonction des climats et de la variété du cépage. L'objectif est d'avoir terminé cette opération avant le réveil de la vigne au printemps.
À la fin de ce repos végétatif, des écoulements de sève appelés « pleurs » apparaissent par les plaies de taille, annonçant ainsi le retour en activité du système racinaire.
L’hiver et le début du printemps ne sont pas les seules périodes pour tailler la vigne. Il est possible de tailler la vigne pendant l'été pour la délester des rameaux faibles, mal placés, encombrants ou non-fructifères et ainsi améliorer la qualité des grappes : c’est la taille d’optimisation. La taille requiert donc l’attention du viticulteur toute l’année.
La taille de la vigne s’apprend et ne s’improvise pas. Tout bon tailleur sera équipé d’outils variés à dessein spécifiques :
Il existe de nombreux styles de tailles en France et à travers le monde qui varient en fonction de la conduite de la vigne et de la région de production. Deux tailles peuvent être pratiquées : la taille courte pour laquelle on ne garde qu’un à deux yeux par sarment et la taille longue qui conserve de quatre à dix yeux par sarment. Parmi les tailles les plus répandues, on distingue :
La taille en Guyot tire son nom de son inventeur, Jules Guyot au XIXè siècle. Elle est pratiquée sur des vignes palissés. Il s’agit d’une technique de taille rapide et facile. Il en existe deux variantes : le Guyot simple, qui consiste à laisser un sarment de vigne porteur de fruits d’un nombre variable de cinq à sept bourgeons (en fonction de la vigueur du pied de vigne et du rendement désiré) et le Guyot double qui préserve deux sarments de façon à obtenir deux baguettes. Cette dernière incarne la taille typiquement bordelaise. C’est également sur ce type de taille que le choix s’est porté au Château La Rose Perrière.
Il s’agit d’une taille courte utilisée dans certains vignobles. Seulement 3 à 5 bras (branches) sont gardés sur le pied de vigne. Ce mode de taille très ancien protège les baies des brûlures du soleil grâce à une végétation tombante et met la vigne à l’abri du vent en positionnant le pied près du sol. C’est pourquoi elle est pratiquée principalement dans les régions méditerranéennes et dans le Beaujolais. Il existe plusieurs types de taille en gobelet selon les régions. Ce mode de taille était très répandu avant la mécanisation des travaux de la vigne.
Ce type de taille est pratiqué aujourd'hui partout dans le monde parce qu'elle améliore la qualité du raisin. Elle s’effectue sur des vignes palissées. Le principe est de ne pas garder de grande baguette fructifère mais plutôt 4 à 6 petits coursons sur le cep qui portent 2 à 3 bourgeons chacun. La taille en cordon de Royat a été inventée en Ariège, dans les Pyrénées. Il s’agit de la taille privilégiée dans le Sud de la France.
Dans les régions dont le climat est particulièrement froid, les viticulteurs gagneront à attendre la fin de l’hiver pour s’atteler à la taille. En effet, une taille prématurée dans ces conditions climatiques fragiliserait les vignes qui seraient alors vulnérables à des gelées intenses et connaîtraient des dommages mettant en péril la récolte de l’année. Au contraire, dans des régions au climat plus chaud, une taille plus précoce dans l’hiver pourra être envisagée. Cela reste à l’appréciation du vigneron-viticulteur.
La taille de la vigne est une pratique viticole incontournable pour obtenir une production de qualité. Elle doit être réalisée avec précaution en respectant la physiologie de la plante pour ne pas la fragiliser. Sa pratique régulière, généralement en hiver lorsque la vigne est en repos végétatif, permet au viticulteur d’optimiser la production de raisins, d’en améliorer la qualité et de préserver sa bonne santé en la protégeant des maladies et des parasites. C’est un travail long qui demande de l’anticipation et une main d’œuvre professionnelle ou, a minima, avertie pour façonner les ceps pour les années à venir. Outre les avantages qualitatifs et de productivité mentionnés précédemment, la taille des vignes, lorsqu’elle est correctement menée et structurée, permet de simplifier l'entretien et la récolte. La sélection des grappes, le temps et l’effort demandés lors des vendanges s’en trouvent optimisés. Elle demeure une étape essentielle dans la gestion d’un vignoble.
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