Il est des métiers que l’on ne fait pas par hasard, notamment dans la filière du vin. Vigneron en est un, lumière sur cette profession de passion et, à l’origine, de transmission.
Qu’il soit locataire ou propriétaire de son exploitation viticole, le vigneron est avant tout un agriculteur passionné de vigne et de vin. Son savoir-faire est donc double : il est expert de la culture de la vigne (viticulteur) et expert de la vinification dont il supervise toutes les étapes. Il/elle travaille seul(e) ou emploie des salariés ou est lui-même employé. Certains adhèrent à des coopératives vinicoles qui regroupent plusieurs vignerons, leur permettant ainsi de mutualiser les coûts de production (opérations de vinification, de conditionnement et de stockage) et de commercialisation (vente).
Ce métier complexe et exigeant requiert un savoir-faire précis et une fine compréhension de la nature et de l’environnement direct de la vigne.
Véritable liane grimpante au bois noueux, la vigne demande beaucoup d’attention et d’entretien tout au long de l’année. Le vigneron doit connaître parfaitement son cycle de vie, les forces et faiblesses de sa vigne, en fonction du terroir et du cépage choisi, afin de lui apporter le soin et les nutriments dont elle a besoin pour s’épanouir pleinement et produire des grappes de qualité. Au fil des saisons, l'hiver y compris, le viticulteur entretient ses vignes et effectue différents travaux indispensables :
Outre l’entretien des vignes, le vigneron viticulteur entretient les sols : désherbage, maîtrise de l’enherbement, travail du sol pour un meilleur drainage en hiver.
Maîtriser l’entretien de la vigne est un savoir-faire essentiel pour le viticulteur mais il ne suffit pas pour le vigneron qui, lui, est en capacité de maîtriser chacune des étapes viticoles : la culture de la vigne, la récolte des raisins, la fabrication du vin appelée vinification, le conditionnement du vin et sa commercialisation.
À la fin de l'été, le vigneron vendange ses vignes, il récolte enfin les fruits du soin apporté à ses vignes tout au long de l’année : les raisins. Selon les vignobles et les exploitations, les vendanges se font manuellement ou mécaniquement, généralement entre septembre et octobre. Le choix de la date des vendanges revient au vigneron qui aura suivi de près la maturation des raisins d’une parcelle. Pour cela, il effectue des échantillonnages pour goûter les baies et les faire analyser par un laboratoire afin d’estimer avec une bonne précision et une bonne fiabilité la moyenne des principaux paramètres analytiques des moûts (quantité de sucre, acidité totale, pH, etc).
C’est une réalité, en particulier aujourd’hui avec le changement climatique, la météo et ses aléas sont un facteur facilitant ou handicapant dans la viticulture. Gels printaniers successifs, grêle, inondations, sécheresses et hivers chauds bouleversent le cycle de la vigne et le travail du vigneron viticulteur. Face à ces phénomènes climatiques de plus en plus intenses, le vigneron s’équipe d’applications et d’outils (canons anti grêle, bougies, tours antigel…) pour anticiper au maximum, agir en prévention et protéger au mieux ses vignes et ses récoltes. Afin de garder son profil de vin signature, le vigneron se voit obligé de plus en plus souvent d’adapter les travaux en vert de la vigne et la date de la récote.
Réception de la vendange, tri des baies, éraflage (ou égrappage) et foulage, macération à froid, ajustement des moûts, fermentation alcoolique, pressurage et fermentation malolactique, macération post-fermentaire, élevage et mise en bouteille…voici autant d’étapes techniques qui impliquent l’intervention méticuleuse régulière et la manipulation experte du vigneron.
Une fois le vin produit et élevé, le vigneron enfile son costume de commercial. Il serait dommage et inconcevable qu’une année complète de travail sur la vigne et le vin se solde par un stockage des bouteilles chez le vigneron. Pour que les bouteilles arrivent sur votre table, que ce soit chez vous ou au restaurant, le vigneron entretien des relations étroites tout au long de l’année avec des distributeurs, des restaurateurs, des professionnels du vin mais aussi avec les consommateurs directs. Pour cela, il propose régulièrement des dégustations aux professionnels et entretient un lien avec ses clients via les réseaux sociaux, son site internet et les correspondances directes avec des newsletters. Cette étape de commercialisation peut être confiée à un employé Responsable commercial pour dégager du temps au vigneron. L’appui d’un Responsable commercial est d’autant plus pertinent que le secteur du vin est ultra-concurrentiel. Des déplacements fréquents sont à prévoir pour assurer l’animation de rencontres dégustations, de visites et la participation à des foires et compétitions, en France ou à l’étranger en fonction du développement commercial souhaité.
Vous l’aurez compris avec toutes les missions qui incombent au vigneron, parmi les compétences phares pour exercer ce métier on identifie la polyvalence et la rigueur. Il réalise un contrôle de toutes les étapes et une cohérence de chaque action sur tout le processus de fabrication du vin, depuis la vigne jusqu’à l’élevage en bouteille. Une maîtrise de chacune de ces étapes ne l’empêche cependant pas de se faire assister et seconder par un ingénieur agronome à la vigne ou un œnologue au chai. Savoir bien s’entourer est souvent la clé de la réussite.
Avoir le sens du contact et une appétence pour le partage de sa passion et de son métier est l’une des qualités essentielles dans le métier. Le vigneron a toujours à cœur de valoriser ses vins et son savoir-faire. Cela se traduit très bien lors des visites au domaine. N’hésitez pas à poser des questions lors de votre prochaine visite d’un vignoble, le vigneron ne sera sans nul doute pas avare en précisions et sera ravi de partager son expérience métier avec vous.
Comme évoqué plus tôt, les aléas climatiques et les défis pour mener à bien la culture de la vigne et la vinification sont nombreux. Le vigneron est toujours prêt à relever ces défis et à faire face aux contraintes rencontrées au quotidien. Ces contraintes sont d’autant plus importantes lorsque le vigneron fait le choix d’une viticulture en agriculture biologique. Le vigneron fait preuve de résilience et de remise en question à chaque étape du cycle de la vigne et de la fabrication du vin. Il accepte de travailler essentiellement en extérieur à un rythme annuel irrégulier. En effet, suivre le cycle de la vigne implique d’alterner des périodes de calme avec des périodes de grande activité. Mais si les défis à relever sont nombreux, les satisfactions et récompenses le sont tout autant. Un métier au grand air gratifiant !
Le domaine de la viticulture peut se faire par un apprentissage depuis le CAP vigne et vin jusqu’à l’ingénieur, en passant par le Baccalauréat Professionnel, le BTS (niveau Bac +2) technico-commercial ou viticulture-œnologie et la Licence professionnelle. Des spécialisations sont proposées tout au long des études.
En résumé, le vigneron est à la fois agriculteur, œnologue et a l’âme d’un entrepreneur, prêt à embrasser au quotidien aussi bien les défis que les nombreuses satisfactions du métier. Son travail allie précision, expérience et savoir technique, afin de sélectionner les meilleurs cépages et terroirs qui donneront de grands crus. Un métier ancien qui se transmet encore aujourd’hui entre générations d’une même famille comme chez la Famille Sylvain.