Elles font partie de notre quotidien, les bouteilles vendues dans le commerce, qu’elles contiennent du soda, de l’eau ou de l’alcool, comportent toutes une ou deux étiquettes dont les mentions sont règlementées. Attachons-nous à observer avec attention l’étiquette d’une bouteille de vin. Véritable carte d’identité du vin, elle mentionne de nombreuses informations utiles pour le consommateur dans sa décision d’achat. Ces mentions deviennent pour lui des critères de choix, fournissant une information favorisant une concurrence équitable, protégeant sa santé et établissant la traçabilité du vin. La lecture de l’étiquette doit aider le consommateur à comprendre le vin.
Certaines mentions sont indiquées sur toutes les bouteilles, ce sont les mentions rendues obligatoires par la règlementation dans un souci de transparence réclamée aujourd’hui par la majorité des consommateurs.
La dénomination de vente du vin correspond à sa catégorie : vin, vin de liqueur, vin mousseux…. Ce nom peut être remplacé par un nom d’AOP (appellation d’origine protégée) / IGP (indication géographique protégée).
Notez que la dénomination de vente «vin de table» n’existe plus aujourd’hui.
La provenance est une mention qui vient compléter la dénomination de vente : vin de France, vin de l’Union européenne, etc. Elle peut aussi apparaître seule : Produit de France.
Il s'agit du volume de liquide censé être présent dans le contenant, la bouteille, qui varie selon la catégorie de vin. En effet, pour chaque catégorie de vins, une gamme de volumes usuels est définie (par exemple de 10 à 150 cl pour les vins tranquilles). Le volume nominal des bouteilles standards les plus répandues est de 75cl.
Le TAVA donne le taux d’alcool du vin. Il est indiqué en degré voire en demi-degré suivi du symbole « % vol. ». Il peut être précédé sur l’étiquette des termes « titre alcoométrique acquis » ou « alcool acquis » ou encore de l’abréviation « alc ».
Il est déterminé à partir du nombre de volumes d’alcool pur contenus dans 100 volumes de vin à une température de 20°C.
Pour identifier l’embouteilleur, les termes «Château», «domaine», «cru», «hospices» (pour les AOP), «abbaye», «bastide», «campagne», «chapelle», «commanderie», «domaine», «mas», «manoir», «monastère», «monopole», «moulin», «prieuré» et «tour» (pour les AOP/IGP) peuvent être utilisés pour identifier une exploitation. Ils sont réservés aux vins entièrement obtenus dans une exploitation vitivinicole (récolte et vinification).
Cette mention est accompagnée de « embouteilleur » ou « mis en bouteille par » sur les étiquettes. Dans le cadre d’un embouteillage par un tiers appelé aussi embouteillage à façon, les informations (noms et adresse) sont complétées par la formulation « mis en bouteille pour…par… ».
Il n’est pas exclu que ces mentions soient précisées par des informations complémentaires telles que «viticulteur», «récolté par», «négociant», ...
De plus, les mentions « mis en bouteille à la propriété » et « mis en bouteille au château » peuvent être utilisées pour un vin bénéficiant d’une AOC ou d’une IGP dans la mesure où à aucun moment avant la mise en bouteille, le vin n’a été transporté hors de l’exploitation viticole où il a été vinifié et dont il revendique le nom.
Le numéro de lot doit figurer de façon visible, lisible et indélébile sur la bouteille. Souvent indiqué sur l’étiquette, il peut toutefois être porté sur un autre endroit de la bouteille, c’est-à-dire en dehors du champ visuel dans lequel figurent les autres mentions obligatoires.
La liste des substances allergènes connues (sulfites, colles à base de lait / œuf) doit apparaître dès lors qu'elles rentrent dans la composition du vin.
Les sulfites, connus également sous les noms Dioxyde de souffre, anhydride sulfureux ou encore SO2, sont un composé dont l’emploi est strictement réglementé. Dès lors que la teneur en sulfites est supérieure ou égale à 10mg/l, le vigneron ne peut s’abstenir de mentionner leur présence sur l’étiquette de ses vins, quand bien même aucun sulfite n’aurait été ajouté.
Les sulfites ont des propriétés antiseptiques, anti oxydasiques, dissolvantes et antioxydantes. Ils servent notamment à protéger le vin de l’oxydation.
Notez que la présence de sulfites, naturellement présents dans les raisins, n’est pas incompatible avec une viticulture biologique.
En raison de leur teneur en alcool, les boissons alcoolisées (plus de 1,2 % vol.) commercialisées sur le territoire français doivent porter sur leur conditionnement un message sanitaire destiné aux femmes enceintes préconisant la non-consommation d’alcool. Les bouteilles de vin doivent donc mentionner sur leur étiquette un message de type « la consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même en faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé de l’enfant » ou, comme il est souvent d’usage par manque de surface sur l’étiquette, elles doivent afficher un pictogramme représentant une femme enceinte dans un cercle barré.
Le label européen est représenté par l’Eurofeuille. Il certifie que le vin est conforme à la réglementation européenne. Celle-ci bannit les produits de synthèse (pesticides, engrais chimiques) de la culture de la vigne et impose également certaines restrictions relatives à la vinification telles que l’usage de matières premières bio (sucre, levures…) ou l’abaissement des doses maximales de sulfites.
Depuis 2021, les mentions « désalcoolisé » (< 0,5 % vol.) et « partiellement désalcoolisé » (degré alcoolique compris entre 0,5 % vol. et un minimum variable selon la catégorie de produit) doivent accompagner la dénomination de vente des vins correspondants. La date de durabilité minimale devra également être mentionnée sur l'étiquetage des vins ayant subi un traitement de désalcoolisation dont le degré alcoolique est inférieur à 10 % vol.
L’indication de la teneur en sucre est obligatoire uniquement pour les vins mousseux et les vins mousseux gazéifiés. Elle est exprimée en g/l). On distingue sept mentions autorisées :
Elle est en revanche facultative pour les autres vins.
Le millésime désigne l’année de récolte des raisins. C’est l’année de production du vin. Cette mention devient parfois une référence aux yeux du consommateur dans l’achat d’une bouteille de vin. En effet, certaines années durant lesquelles les conditions météorologiques ont été particulièrement favorables et les rendements qualitatifs augurent d’un vin de qualité. Sécheresse, canicule, grêle, orages, ou encore pluies intenses jouent sur le développement et la maturité du raisin et in fine sur les caractéristiques d’un millésime. Ce dernier peut ainsi être valorisé à l’échelle de l’ensemble d’une appellation qui a bénéficié de ce contexte de production favorable. Certaines années sont ainsi reconnues pour la qualité de leur millésime. On trouve d’ailleurs aisément sur internet des classements des meilleurs millésimes par région viticole.
Notons que l’indication de l’année de récolte est obligatoire pour les vins comportant le qualificatif « primeur », «nouveau» dans leur étiquetage. La taille des caractères de l’indication est alors au moins équivalente à celle des mentions « nouveau» et «primeur».
Les noms des variétés de vigne (appelés cépages) peuvent être mentionnés si le vin est issu à 85 % au moins de cette variété. Dans le cas d’un assemblage de deux cépages ou plus, le vin doit être issu à 100 % des cépages étiquetés. Par ailleurs, dans le cas des vins bénéficiant d’une AOP ou IGP, la réglementation nationale prévoit que chacun de ces cépages représente plus de 15 % de l’assemblage du vin.
Pour les vins bénéficiant d’une AOP ou IGP, certaines méthodes de production spécifiques telles que « élevé en fût » ou « vieilli en fût » suivies ou non du nom du bois de la barrique peuvent être utilisées lorsque le vin a été vieilli dans un contenant en bois et sans contact avec des copeaux de chêne. L’usage d’une de ces mentions est conditionné par le fait qu’un vin produit en France a été fermenté, élevé ou vieilli dans des contenants en bois pendant une durée minimale de 6 mois pour 50 % au moins de son volume.
Le logo français AB de l’agriculture biologique lie la qualité d’un vin à un mode de production viticole respectueux de l’environnement. Il révèle que le produit final, le vin, obéit à un cahier des charges précis au regard duquel il a été certifié. Ce logo national AB existe depuis 1985 et appartient au ministère chargé de l’agriculture. Il bénéficie d’une forte notoriété en France malgré le caractère facultatif de son apposition sur les bouteilles de vin.
Au château La Rose Perrière, le millésime 2023 portera pour la première fois ce logo suite à la certification bio du vignoble en juillet 2023. Jusqu’alors, nos millésimes Château La Rose Perrière et La Perrière étaient parés du label Haute Valeur Environnementale (HVE) obtenu par le vignoble en 2018.
Le législateur a encadré l’organisation des concours, les modes d’attributions de distinctions et médailles ainsi que leurs modalités de présentation sur l’étiquetage des vins pour assurer une meilleure traçabilité des cuvées primées et assurer une meilleure garantie de qualité au consommateur. Bien que facultatives, ces mentions sur les bouteilles sont donc règlementées. Elles ne doivent s’appliquer qu’aux lots primés lors du concours vinicole qui, lui, doit figurer sur une liste établie par le ministre de la consommation que l’on retrouvera publiée au Bulletin Officiel de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (BOCCRF).
Pour les vins tranquilles, la teneur en sucre est une mention facultative. On distingue quatre indications autorisées :
A compter du 8 décembre 2023, une nouvelle règlementation de l’étiquetage des bouteilles de vins entrera en vigueur. De nouvelles mentions devront être obligatoirement mentionnées. Les vins produits et étiquetés avant cette date ne seront pas concernés et ne nécessiteront de ce fait aucune modification de leur étiquette. Ils pourront être commercialisés en l’état jusqu’à épuisement des stocks.
Tous les vins produits, embouteillés et étiquetés après le 8 décembre 2023 et commercialisés dans l’Union Européenne devront comporter quatre éléments clés supplémentaires sur leur étiquette : la déclaration nutritionnelle accompagnée de la valeur énergétique (ou valeur calorique), les intolérances ou allergies et la liste des ingrédients contenus dans le vin.
Au-delà du raisin nécessaire à l’élaboration du vin, rares sont les consommateurs qui se sont déjà interrogés sur ce que contient une bouteille de vin. Additifs/intrants, conservateurs,… ? Certaines associations de consommateurs ont toutefois déjà dénoncé ce manque de transparence spécifique à l’étiquetage des bouteilles de vin, par opposition à celui des aliments.
Avec cette réforme de l’étiquetage du vin, la Commission européenne vient ainsi rétablir une certaine transparence qui uniformisera à partir de décembre les mentions obligatoires sur le marché européen, évitant ainsi la confusion de possibles initiatives de règlementations nationales dans chaque pays européen. Ainsi, les additifs de type conservateurs et antioxydants, correcteurs d’acidité, stabilisateurs ou encore les allergènes devront être déclarés sur les nouvelles étiquettes, contrairement aux auxiliaires technologiques (enzymes, agents de fermentation, activateur de fermentation alcoolique,etc). Le consommateur pourra, de manière simple et facile, avoir accès à la liste de ces additifs et à la valeur nutritionnelle.
Cette nouvelle règlementation constitue pour les producteurs un défi majeur à plusieurs niveaux :
Outre les producteurs, la nouvelle règlementation pourrait également impacter les distributeurs de vin qui gagneront à être formés à l’œnologie afin de pouvoir expliquer avec pédagogie aux consommateurs le rôle de tel ou tel additif retrouvé dans les vins qu’ils vendent. Il est probable également que les restaurateurs revoient leur stratégie d’achat de vins en fonction des compositions affichées.
La mise en place de cette réforme sera toutefois effectuée avec souplesse, le règlement prévoit une période de transition de 2 ans pour permettre aux vignerons producteurs de prendre leurs dispositions, de se mettre progressivement en conformité avec la nouvelle règlementation et ainsi satisfaire les attentes des consommateurs en matière d’information sur les produits qu’ils achètent.
Malgré les contraintes évidentes qui découlent de cette réforme, toute la filière vin a finalement beaucoup à gagner avec cette nouvelle règlementation qui lui impose encore plus de transparence et pédagogie vis-à-vis du consommateur. La confiance d’une clientèle qui, au final, connaîtrait mal le produit, pourra ainsi être regagnée ou renforcée.
Pour les vignerons, il s’agit désormais d’expliquer, rassurer le consommateur, et poursuivre sa passion du métier !